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La schizophrénie : une ou plusieurs maladies ? 

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Une certitude : la très forte hétérogénéité sous un même diagnostic 


♦ Sur le plan de la description, le diagnostic de schizophrénie repose exclusivement sur des critères cliniques, c’est-à-dire observés par le médecin.
Ces critères sont multiples et c’est la combinaison de plusieurs d’entre eux qui fondent le diagnostic, ce qui signifie que deux personnes présentant des symptômes très différents peuvent se voir apposer ce même diagnostic. De surcroît, les critères retenus pour définir la maladie par les deux grandes classifications internationales – celle de l’OMS, la CIM, et cette de l’association américaine de psychiatrie, le DSM - ne sont pas tout à fait les mêmes , ce qui ajoute encore à la complexité.

« Je suis psychiatre, depuis le début, j'annonce que des patients sont atteints de schizophrénie. Si le patient me demande ce qu'est la schizophrénie, je suis très embêté pour répondre, parce que ce sont des maladies qu'on ne comprend pas très bien ou pas du tout . Que ce soit pour l’évaluation ou le choix du traitement, on n’a aucun examen de laboratoire, biologique ou d’imagerie pour nous aider. Donc, on utilise entièrement l’entretien clinique qui comporte, en tout cas, une part de subjectivité », nous dit le Pr Josselin Houenou chercheur à l'INSERM et à NeuroSpin.

Les réponses des chercheurs sont unanimes pour souligner l’immense hétérogénéité des manifestions et des évolutions.
On peut trouver bien sûr des éléments communs. Le Pr Sonia Dollfus évoque ainsi le fait qu'un certain nombre de ses patients peuvent se rattacher à deux syndromes particuliers, l’un plutôt "déficitaire", avec prédominence des symptômes de retrait et cognitifs, qui regrouperait environ 10% des personnes et un autre, plutôt "paranoïde", présenté par 30 à 40 % des patients. Ce qui laisse cependant beaucoup de formes variées en dehors de ces deux syndromes.
Les évolutions dans le temps, les réponses aux traitements sont totalement disparates et rendent quasiment impossible la prédiction de l'évolution des troubles chez un patient donné.

Une hypothèse : plusieurs sous-maladies distinctes

Plusieurs résultats dans différents champs de recherche vont dans le sens de cette hypothèse :  les symptômes de la schizophrénie pourraient, par analogie, être comparés à de la fièvre, c'est à dire être des manifestations liées à une multitude de causes possibles bien différentes.  Entre autres, les recherche suivantes : 


♦ En génétique,  le chercheur Boris Chaumette se montre convaincu qu'il y a un certain nombre de maladies rares derrière le diagnostic de schizophrénie.
"Avant, on disait seulement ce patient souffre d'autisme... Maintenant, dans l'autisme, il y a le syndrome du X fragile, il y a les mutations du gène ADNP, les anomalies du métabolisme de la créatine etc. Des essais cliniques spécialisés sont en cours pour plusieurs sous-maladies à l’origine de l'autisme. Nous espérons la même révolution pour la schizophrénie."
Il explique que ce n'est que depuis 5 ans qu'on commence à identifier chez certains patients des anomalies dans le patrimoine génétique, telles que des micro-délétions (bout de chromosome en moins), micro-duplications (bout de chromosome en plus) ou variants particuliers qui sont très directement à l'origine des troubles. Par exemple, des personnes porteuses d'une délétion 22q11 ont 50% de risque de développer une schizophrénie. 
>> voir l'interview de Boris Chaumette

En imagerie cérébrale, des études révèlent des mécanismes bien distincts selon les patients. Une recherche de Jack Foucher et de Fabrice Berna montre que des symptômes comme la catatonie (attitude figée, passivité) et la cataphasie ( répétition des réponses aux questions posées), deux symptômes que l'on trouve chez des patients atteints de schizophrénie correpondent en réalité à des pathologies distinctes, touchant deux régions différentes du cerveau. 
>> Voir la recherche sur le site de Schizinfo

L'étude du système immunitaire a permis d'identifier une forme de schizophrénie auto-immune. Une recherche de Laurent Groc a mis en évidence la présence d'auto-anticorps spécifiques à certaines encéphalites dans le sang de certains patients. et qui altère la communication entre les neurones et induit les troubles psychiatriques. Traités avec des médicaments d'immunothérapie existants, les troubles disparaissent.
>> Voir la recherche sur le site de Schizinfo

Pour le moment, on peut donc dire que la recherche converge vers la caractérisation de profils différents de la maladie.

La question de savoir en revanche s'il y a ou non quelque chose de commun entre tous ces profils et s'ils peuvent s'agréger ou non dans une même famille de maladies n'est pas encore réellement tranchée.

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