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Pourquoi la remédiation cognitive peut-elle être utile ?

Les traitements médicamenteux sont centraux dans la prise en charge des schizophrénies mais ne sont pas efficaces contre tous les symptômes et particulièrement les aspects psycho-sociaux de la maladie.

De nombreux patients atteints de schizophrénie connaissent des problèmes d’ordre cognitif comme des troubles de l’attention et de la mémoire. Ils peuvent avoir des difficultés pour se concentrer ou pour se repérer dans l’espace.
D’autres altérations, peuvent amener des difficultés à comprendre et interpréter ses propres émotions ou celles des autres ainsi qu’à s’intégrer dans un groupe social. Enfin, des troubles de la fonction exécutive rendent plus difficile la planification de la vie, par exemple organiser son emploi du temps ou anticiper une liste de tâches.

« A une époque, aller me faire un expresso à la machine à café me semblait aussi compliqué que de monter une étagère Ikea avec une notice en coréen »

Mêmes minimes, ces difficultés peuvent retentir de manière importante sur la vie des personnes.
Pour y faire face, les patients souffrant de schizophrénie ont besoin d’un soutien dit de « réhabilitation psycho-sociale », un ensemble d’outils mis en œuvre depuis une vingtaine d’années pour favoriser l’autonomie des patients et leur inclusion ou ré-inclusion dans la société.
Parmi les actions de réhabilitation psycho-sociale, on compte différents "outils" souvent peu connus ou peu accessibles : la remédiation cognitive en fait partie.

La remédiation cognitive, de quoi s'agit-il ? 

Cette technique qui a plus d’une dizaine d’années a pour objectif de réduire les difficultés cognitives, et a d'abord été utilisée pour aider des personnes à récupérer d'accidents vaculaires cérébraux.


Elle se définit comme un entrainement intellectuel qui se fonde sur la réalisation d’exercices et l’apprentissage de stratégies pour résoudre des problèmes complexes : planifier une matinée de tâches ou courses, se rendre d’un lieu à un autre, répondre à des responsabilités professionnelles, scolaires ou universitaires… Autant d’actions rendues parfois compliquées à réaliser pour des personnes souffrant de schizophrénie.

Elle se pratique durant deux à six mois selon le programme avec une à deux séances par semaine accompagnées d’un professionnel formé à cette technique.

Qu’est-ce que la remédiation cognitive ?

Capture Isabelle AmadoIsabelle Amado, directrice du centre référent en remédiation cognitive à l’hôpital Sainte-Anne, présente la thérapie comme la « kiné » du cerveau pour améliorer les difficultés du patient et son bien-être.

Cette animation explique très clairement ce qu'est la remédiation cognitive.
Elle a remporté en septembre 2018 le 1er prix du concours de la vulgarisation scientifique organisé par l'Association française de remédiation cognitive.

Un programme adapté aux besoins de chaque patient

Avant de débuter un programme de remédiation, les professionnels de santé (psychologues, psychiatres, infirmiers, ergothérapeutes) doivent établir un bilan personnalisé pour déterminer avec précision les difficultés et les capacités de la personne sur lequelles il est possible de s'appuyer.  Ils peuvent ainsi évaluer ses capacités d’autonomie quotidienne et diagnostiquer les troubles qui peuvent l'entraver.

Ce bilan aboutit à un programme composé d’exercices, qui peuvent être ludiques, conçus pour renforcer les ressources et l’estime de soi. Ils peuvent être pratiqués sur l’ordinateur ou avec le traditionnel papier-crayon.

Une dizaine de programmes sont proposés en France. Chacun est spécialisé sur une compétence à renforcer et a sa propre méthode. Au psychiatre d’évaluer lequel correspond le mieux aux besoins du patient.

La remédiation cognitive, quand et pour qui ?

Capture Nicolas FranckNicolas Franck, responsable du centre référent lyonnais en réhabilitation et en remédiation cognitive à Lyon, explique que la remédiation peut intervenir le plus tôt possible et répondre à de multiples besoins évalués avec le patient.  
>> voir l'intégralité de l'interview du Pr Franck

Comment se déroule une séance ?

Le professeur Nicolas Franck indique que chaque séance a un début, un milieu, une fin. « Au début on reprend ce qui s’est passé depuis la dernière séance, on définit les objectifs de la séance présente, on la construit ensemble, on met en place un programme d’exercice. L’objectif est que la personne réussisse au mieux en surmontant des obstacles assez faciles, en trouvant sa propre manière de faire, et ensuite on propose d’élargir cette manière de faire à sa vie courante, ce qu’il va faire dans ce qu’on appelle les tâches à domicile. C’est très structuré mais on essaye toujours que le patient soit acteur, que ce ne soit pas quelque chose imposé par le thérapeute ou même proposé par le thérapeute, mais développé par le patient, de sa propre initiative, pour que ce soit efficace. Le patient trouve la solution pour résoudre le problème et fait le lien avec sa vie courante. Si vous lui dites « faites comme ci, faites comme ça, après vous le ferez dans votre vie », ce sera beaucoup moins efficace. Les solutions sont propres à chaque personne et c’est elle qui les trouve. »

Que peut-on en attendre ? 

L’objectif est que l’amélioration cognitive constatée à la fin des sessions puisse être transférée sur des tâches de la vie quotidienne.
Ses principaux bénéfices sont d’améliorer les capacités cognitives du patient, ses aptitudes à interagir avec les autres dans le quotidien et les conversations, de donner une meilleure confiance en soi et plus de capacité à réussir ses projets.

mre procheL'expérience de Florence

Nous avions lu sur quantité de sites en anglais et canadiens que la remédiation cognitive aidait en cas de schizophrénie. Mais pour notre fils, le moins que l'on puisse dire, c'est que la plupart des psychiatres ne l'ont pas encouragé. Lorsqu'on en parlait, ils faisaient la moue ou laissaient entendre que c'était un truc pour malade très (voire très très) déficitaire. Ils ne se rendent pas compte que même avec toutes ses capacités intellectuelles et "seulement" des difficultés d'attention et de concentration, on ne peut ni regarder un film, ni lire un livre, ni suivre des conversations dans un diner de famille...

Où s'adresser pour suivre un programme de rémédiation ? 

Bien que largement recommandée au niveau international, la remédiation cognitive n'est pas accessible partout sur le territoire en France.
L'Association française de remédiation cognitive publie une liste des centres pratiquant différents programmes. 

Carte remdiation
>> Pour en savoir plus : voir le site de l'AFRC

Pourquoi la remédiation cognitive est-elle si peu proposée en France ?

Capture N. Franck remdiation peu proposeNous avons posé la question  à Nicolas Franck, responsable du Centre référent lyonnais en réhabilitation et en remédiation cognitive à Lyon.  

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