
Grâce à la mobilisation de différents acteurs, dont notre Collectif, le sujet du remboursement des agonistes des récepteurs GLP-1, des médicaments luttant contre l'obésité, et d’un éventuel élargissement de ce remboursement aux patients sous psychotropes a été inscrit au programme de travail du service des recommandations de la HAS ( Haute Autorité de Santé).
A date, les deux traitements commercialisés, Wegowy et Mounjaro vont être remboursés pour tous les patients ayant un IMC supérieur 35 (indice de masse corporelle correspondant à une obésité sévère) , mais sans référence aux pathologies psychiatriques.
Ce que nous nous demandons, c’est que ce seuil soit abaissé à l’AMM (autorisation de mise sur le marché) européenne, correspondant à des obésités modérées, soit un IMC supérieur 30 ou un IMC supérieur à 27 en cas de comorbidités.
La HAS est en accord sur le fond, mais les contraintes nécessaires pour accorder un élargissement du remboursement ne sont pas remplies à ce jour, notamment la production d'études spécifiques relatives aux personnes souffrant de troubles psychiatriques, que les laboratoires, propriétaires de ces molécules, n'ont pas réalisées.
Nous réfléchissons, avec la HAS et deux psychiatres , le Pr Chauvet-Géliner et le Pr Guillaume, sur un moyen de dépasser cet écueil. Ces derniers ont rappelé les données disponibles lors des échanges :
- Les patients atteints de schizophrénie subissent une double peine : celle de leur pathologie mentale et souvent celle de ses conséquences somatiques, notamment une dysrégulation cardio-métabolique sévère et une obésité. Cette dysrégulation est souvent précoce, d’origine multifactorielle (notamment génétique), et sa survenue, lorsqu’elle dépasse 5 % de gain pondéral dès le premier mois sous psychotrope, est prédictive d’une dégradation majeure et inexorable ensuite.
- Les patients souffrant de schizophrénie ont de plus une probabilité réduite de 31 % de recevoir des traitements cardiovasculaires appropriés, malgré un sur-risque documenté, en raison de la stigmatisation des troubles.
- Les travaux disponibles portant sur les agonistes des récepteurs GLP-1 (GLP1-RA) montrent des résultats prometteurs : le traitement est associé à une perte de poids significative et à des améliorations notables des marqueurs biologiques et cliniques cardio-métaboliques.
- Le traitement ne montre pas de risque particulier, les décompensations psychiatriques semblant même moins fréquentes dans le groupe traité que dans un groupe témoin.
Les GLP1-RA offrent non seulement une réponse thérapeutique aux conséquences métaboliques graves des antipsychotiques, mais aussi un potentiel à long terme pour réduire les coûts liés aux complications médicales qu’ils rencontrent.
Ajoutons qu'il faut vraiment que les psychiatres soient sensibilisés (via les familles/patients les cas échéant) pour que chaque personne avec un IMC supérieur à 35 soit adressé à un endocrinologue/nutritionniste, seuls habilités à instaurer le traitement. C’est indispensable. Il faut communiquer autour du fait que l’obésité est une maladie grave qui doit être prise en charge par des spécialistes, ce que ne sont pas les psychiatres.
Nous vous tiendrons informés des avancées de ce dossier.