Le constat du naufrage de la psychiatrie, aujourd’hui flagrant, est l’occasion pour notre Collectif d’interpeler activement les autorités publiques sur la prise en charge de la schizophrénie.
Le reportage de "Pièces à conviction" sur FR3 a eu le mérite de révéler au grand jour l’horreur des conditions d’accueil des patients dans un certain nombre d’établissements psychiatriques et le statut de sous-citoyen dévolu aux personnes souffrant de troubles psychiques sévères.
♦ Le 24 avril, immédiatement après l’émission, le collectif Schizophrénie conjointement avec l’UNAFAM a demandé et obtenu, un rendez-vous avec le Défenseur des droits M. Jacques Toubon.
Afin de le sensibiliser, ainsi que ses collaborateurs, à l’impunité existante face au non-respect des droits des patients en psychiatrie, nous lui avons laissé une note intitulée « la contrainte doit changer de camp », en explicitant les principales violations du droit des personnes souffrant d’une maladie psychique :
- Isolement et contention pratiqués sans respect des délais et cadres légaux
- Conditions indécentes d’accueil (vétusté des locaux, surpopulation, matelas à terre, absence de sanitaires, atteintes au droit à l’intimité, habits dégradants…).
- Soins prodigués sans avoir à rendre de compte et sans référence à des critères de qualité.
- Dispositifs et structures d’accompagnement en nombre très insuffisant et accès difficile aux aides existantes.
- Entourage ni informé, ni écouté, ni orienté.
- Indifférence à la banalisation de la stigmatisation, comme l’a illustré l’épreuve de l’asile de Fort Boyard et d’autres détournements à visée de divertissement de la contrainte et des maladies mentales.
♦ Au cours du débat qui a suivi le reportage, la ministre de la santé, Mme Agnès Buzyn a annoncé la nomination de Franck BELLIVIER comme « délégué ministériel à la Santé mentale et à la Psychiatrie », dont les attributions ont été fixées par décret du 29 avril.
Chargé de la mise en œuvre la stratégie nationale de la santé mentale et de la psychiatrie, il a entre autres, la mission d’entretenir des échanges réguliers avec les différents acteurs, notamment les associations des usagers du système de santé et les associations des familles de personnes souffrant de troubles psychiques.
Nous avons aussitôt pris rendez-vous avec lui et l'avons rencontré, et allons comme il en a été convenu avec lui, revenir en septembre avec des propositions concrètes à prioriser.
♦ Enfin, dans le prolongement de sa « mission flash sur le financement de la psychiatrie », la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a confié à Mme Martine Wonner, députée, une mission d'information sur l'organisation territoriale de la santé mentale.
Le collectif Schizophrénies va être prochainement auditionné dans le cadre de cette nouvelle mission qui dure jusqu’en juillet prochain.