Le 7 juin dernier, la Fondation Fondamental a convié les associations du Collectif à une conférence-débat autour de l’ouvrage à paraître en septembre 2018, « Psychiatrie, l’état d’urgence » co-écrit par les Pr Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca, en collaboration avec l’Institut Montaigne, et avec le soutien de la Fondation Sisley d’Ornano.
L'occasion de partager les constats qui fondent l'action du Collectif Schizophrénies et la faible qualité des soins en France : une durée de psychose non traitée évaluée à 2 ans pour les schizophrénies, une sur-prescription d'anxiolytiques et d'antidépresseurs, une absence de diagnostic des pathologies somatiques, une rupture de la prise en charge entre pédopsychiatrie et psychiatrie de l'adulte ...
Une des conséquences de cette faible qualité des soins saute aux yeux : la très faible diminution de la prévalence du suicide en France.
Parmi les causes de cette situation déplorable, la formation initiale et continue des professionnels du secteur sanitaire et social qui investit trop peu les thérapies alternatives : thérapies cognitivo-comportementales, psycho-éducation, remédiation cognitive. Et aussi l'absence de sensibilisation des enseignants et des familles aux troubles.
Si les soins conformes aux recommandations internationales sont si peu appliqués en France, c'est aussi qu'ils peinent à se déployer sur les territoires : aucune obligation n'est faite aux médecins.
Puis quelques chiffres éloquents à ne pas oublier : le coût de la santé mentale en France est estimé à 109 milliards d'€ chaque année, dont 22 milliards de coûts directs. C'est le premier poste de dépenses de l'assurance maladie.
Alors pourquoi ne pas suivre l'exemple des pays voisins qui lancent des expérimentations, les évaluent et les adaptent ? Prise en charge ambulatoire en Grande-Bretagne et au Danemark, dépistage précoce en Australie et au Canada, équipes mobiles dédiées à l'entrée dans la maladie en Suisse ...
Pourquoi aussi ne pas soutenir davantage la recherche en santé mentale ? En France, son budget représente 2 à 4% de la recherche médicale, contre près de 10% en Finlande et 16% aux Etats-Unis ? C'est d'autant plus urgent que l'on observe depuis 10 ans un désinvestissement de l'industrie pharmaceutique dans ce domaine. Et que les perspectives sont stimulantes en matière d'immunologie, de stimulation cérébrale, d'objets connectés, de médecine de précision. Et enfin qu'il n'existe pas à ce jour de suivi de cohorte ! Un objectif que se fixe la Fondation Fondamental.
Le vœu exprimé par la Fondation Fondamental est politique : susciter un élan politique national avec des propositions destinées à faire sortir de l’ombre la psychiatrie. Nos associations comptent bien continuer de s'y associer.