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Autant qu’elle a mis en évidence les travers et défaillances de prise en charge psychiatrique, la crise sanitaire ouvre-t-elle la voie au développement de nouvelles pratiques ? 
 

Le COVID-19 a aggravé tous les travers de la psychiatrie... 

Une discipline négligée : malgré les craintes avérées de « 2ème vague psychiatrique », la psychiatrie demeure ignorée au niveau national, que ce soit pour l’équipement des services en masques au plus fort de la crise sanitaire ou dans les discussions du Ségur de la Santé lancées le 25 mai pour concrétiser le « plan massif d’investissement et de revalorisation ». 


Pour les patients, la pandémie a particulièrement mis en évidence le manque de ressources pour accompagner les personnes en dehors de l’institution.
Une fois hôpitaux de jour, CATTP, CMP fermés ou ayant drastiquement limité leurs services, de nombreux patients se sont retrouvés abandonnés à eux-mêmes. A part l’entourage proche et familial quand il pouvait être présent et se sentir utile, qu’est-il resté pour garder le lien ? 10% des files actives ont ainsi été « perdus de vue » sur la période, selon le ministère.
Certains patients ont été « sortis » intempestivement d’hospitalisation sans préparation ni aide, laissant des familles gérer la situation, comme en a témoigné Laurence, notre trésorière dans le Monde du 20 avril dernier

Pire et dénoncé par le Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté, certains hôpitaux, dans une « confusion totale entre le régime de l’isolement psychiatrique et le confinement sanitaire », ont instauré ou renforcé des pratiques constituant des « atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes hospitalisées » : fermeture de certaines chambres à clé vingt-quatre heures sur vingt-quatre, enfermement de patients « en soins libres », conditions indignes…

Une aggravation des problèmes donc...  Mais simultanément, la crise sanitaire a été également facteur d'une formidable éclosion d'initiatives innovantes.

Cet épisode peut-il être un accélérateur des progrès à réaliser ?

En quelques semaines, des solutions numériques d’aide et entraide ont émergé à l’initiative de soignants et aussi hors champ médical, entre certains usagers qui se connaissent de centres de jour ou d’associations et qui ont su recréer une communauté numérique via Zoom ou Whatsapp, avec une montée en puissance très sensible de la pair-aidance.   

De nombreux professionnels et équipes ont exploité le confinement pour réfléchir et déployer des ressources en ligne destinées aux usagers : vidéos, tuto, conseils largement diffusés, par exemple par la chaîne La Psychiatrie au soleil ou le Centre Ressource de Réhabilitation psychosociale  mais aussi plateformes d'écoute, comme celle mise en oeuvre par la Fondation Fondamental, Covid Ecoute .

Il est également remarquable que le confinement ait été l’occasion d’une série d’enquêtes particulièrement nombreuses destinées à recueillir des informations et données quant aux ressentis, aspirations et attentes des patients ou des proches. D’un coup, le vécu des usagers semble devenu un sujet central de recherche. Citons notamment l’enquête Coclico de l'IRDES, l'enquête internationale COH-FIT, l'enquête du CRR sur l'impact du confinement sur la santé mentale , l'enquête du  Laboratoire d’Enseignement et Recherche en Santé mentale et Psychiatrie de La Source sur l'impact du Covid-19 sur les proches aidants

Le Délégué ministériel à la Santé mentale et à la Psychiatrie Franck Bellivier a déclaré que certaines initiatives développées durant la pandémie du Covid-19 ont vocation à "être renforcées rapidement en vue d'être pérennisées" :  téléconsultations, cellules d’écoutes, équipes mobiles, coopérations public-privé....
Parmi les dispositifs qu'il a cités en référence, les interventions à domicile et le rappel systématique de la file active par la mise en place d’outils numériques et téléphoniques pour maintenir le lien thérapeutique au Centre hospitalier Guillaume-Regnier (CHGR) de Rennes.  

Peut-être une avancée décisive vers une véritable politique dans le sens de ce fameux « aller vers » (les patients), que l'on attend depuis des décennies ? 


 



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