Publié le 18 septembre, le rapport parlementaire « La santé mentale en France à l’horizon 2022 », des députées Martine Wonner et Caroline Fiat, dresse un constat accablant de l’état de la psychiatrie en France : une organisation des soins en santé mentale coûteuse et qui échoue sur tout.
« Les rapporteures ont pu constater les nombreux dysfonctionnements qui jalonnent le parcours du patient »
« L’organisation territoriale de la santé mentale est donc tout à la fois inefficiente et inefficace. Il en résulte une prise en charge des patients catastrophique. »
Ce constat est en tout point conforme malheureusement à une réalité déjà bien identifiée dans la pléthore des rapports publiés depuis 20 ans et que nous dénonçons à longueur de tribunes et d’interventions dans la presse : concentration inefficace des moyens sur l’hospitalisation, offre de soins hétérogène et peu évaluée, opacité et inégalités des pratiques, atteintes parfois très graves aux droits des patients. Et qui - Mme Wonner l'a rappelé avec vigueur - ne tient pas fondamentalement du seul "manque de moyens" constamment rebattu. >> Voir par exemple : notre Communiqué de presse à la création du Collectif Schizophérnies, notre tribune dans le Monde, notre tribune dans le JIM , notre réaction à la feuille de route santé mentale de la ministre Agnès Buzyn)
Un rapport de plus donc, mais un rapport particulièrement cinglant dans ses analyses et courageux dans ses propositions pour sortir enfin la psychiatrie de l’hôpital.
Proposition 1 : réaffirmer le libre choix et les droits du patient
Proposition 2 : définir une politique nationale de santé mentale
Proposition 3 : déstigmatiser la psychiatrie et intégrer la santé mentale dans « Ma Santé 2022 »
Proposition 4 : créer une agence nationale en charge des politiques de santé mentale
Proposition 5 : renforcer le pilotage interministériel via l’évolution du délégué à la santé mentale
Proposition 6 : créer des coordonnateurs territoriaux en santé mentale garants de la déclinaison de la politique nationale et du suivi de la mise en œuvre des PTSM
Proposition 7 : soutenir et développer les CLSM pour faciliter la concertation entre les tous les acteurs de proximité (sanitaires, médico-sociaux, sociaux, élus, usagers, etc.)
Proposition 8 : organiser une véritable gradation des soins en faisant évoluer le secteur
La réforme engagée depuis le décret de juillet 2017 avec la mise en oeuvre des Plans territoriaux de santé mentale (PTSM) sur le territoire est porteuse de grands espoirs, mais, comme le souligne avec force ce rapport, elle a besoin de ce dont la France manque cruellement jusqu'à présent : une politique nationale de santé mentale.
>> LIRE L'INTEGRALITE DU RAPPORT
Suite à la publication de ce rapport, le Collectif Schizophrénies a publié dans le journal Le Monde du 9 octobre 2019 une tribune intitulée : A bout de souffle, la psychiatrie doit s'appuyer sur l'expérience des patients et de leurs proches".