Quelles avancées concrètes pour les patients ?
Des traitements innovants à l'étude
La stimulation magnétique transcranienne est une thérapeutique relativement simple. Il s'agit d'apposer sur le crâne, à raison d'un certain nombre de séances, une bobine qui va créer au sein des cellules nerveuses un faible courant électrique, qui va se propager dans les circuits des neurones.
Selon la zone du cerveau visée et en modulant la fréquence des stimulations, il semble possible de réduire certains symptômes particulièrement handicapants pour les personnes qui en souffrent - hallucinations auditives, manque de motivation et de concentration -
>> Voir à ce sujet les interviews des Pr Sonia Dollfus et Josselin Houenou
♦ De nouvelles pistes d'actions :
- via le stress oxydatif : la schizophrénie semble s'accompagner d'un déséquilibre oxydatif. Des chercheurs de Lausanne ont en particulier testé l’effet d'une molécule - la N-acétylcystéine, ou NAC, connue comme antioxydant sur des patients souffrant de schizophrénie. La NAC semble améliorer les symptômes négatifs, et certains patients, l'ensemble des symptômes.
>> voir la fiche vulgarisant cette recherche sur le site Schizinfo
- via le système immunitaire : plusieurs recherches montrent que certains troubles psychiques dérivent d’inflammation liée à un dysfonctionnement immunitaire. Dans ces cas, il est possible d’envisager des solutions thérapeutiques établies pour soigner les maladies auto-immunes. A ce sujet, voir ces deux fiches sur le site de Schizinfo :
>> le cas particulier d'une schizophrénie autoimmune
>> autisme et système immunitaire
Les pistes autour du microbiote, de la perméabilité intestinale, de l'inflammation et du stress oxydatif sont encore balbutiantes mais de plus en plus actives pour l'ensemble des maladies psychiatriques.
Des pistes pour améliorer ou optimiser l'usage des traitements actuels
Voici les principales conclusions :
>> La prise en charge des paramètres métaboliques (prise de poids, hypertension, cholestérol…), de l’alimentation et de l’activité physique devrait être renforcée.
Des troubles cognitifs spécifiques ont été identifiés chez les patients consommateurs de benzodiazépines (Valium, Xanax, Lexomil ...) et chez les patients présentant une inflammation périphérique. Des spécificités liées au sexe ont également été observées ;
>> Tous les patients devraient bénéficier d’une évaluation neuropsychologique au début de leur trouble, après stabilisation sous traitement, puis de façon plus espacée au cours de leur suivi.
>> La remédiation cognitive doit être plus largement proposée chez les patients présentant des troubles cognitifs.
>> La balance bénéfice/risque de la prescription de benzodiazépines doit être réévaluée régulièrement au regard de son impact notamment sur la cognition.
La dépression comorbide reste très fréquente, elle est associée à une diminution de la qualité de vie et à une augmentation de la dépendance nicotinique chez les fumeurs. Prendre en charge la dépression et les symptômes négatifs pourraient fortement améliorer la qualité de vie des patients ;
>> La dépression reste sous-diagnostiquée et doit faire l’objet d’une évaluation systématique et d’un traitement spécifique.
Le délai à l’instauration du traitement est plus long pour les schizophrénies se déclenchant avant 19 ans et chez les consommateurs de cannabis.
>> Le dépistage du trouble et le traitement devraient être renforcés chez les adolescents et les consommateurs de cannabis.
L’adhésion au traitement est diminuée chez les patients rapportant un ressenti subjectif négatif du traitement, indépendamment de la prise de poids ou d’un syndrome extrapyramidal.
L’’akathisie (impatiences, besoin irrépressible de bouger) est très fréquente et fortement associée à la polythérapie antipsychotique.
>> La monothérapie antipsychotique est recommandée autant que possible pour limiter les effets indésirables.
Voir l'intégralité de l'article
Plusieurs recherches en génétique et épigénétique permettent d'identifier chez certains jeunes des risques particuliers de développer des troubles schizophréniques d'une part et d'autre part de repérer des modifications cérébrales ou épigénétiques précédant l'apparition des symptômes psychotiques. Une prise en charge très précoce - réduction du stress, accompagnement psychosocial et familial - peuvent alors prévenir l'aggravation de la maladie.
Pour en savoir plus, consulter sur le site de Schizinfo des exemples de ces recherches :
>> les modifications épigénétiques reliées à la transition psychotique
Pour un patient donné, les médecins n'ont pas d'autres choix actuellement que de procéder par essais et erreurs, c'est à dire de tâtonner à l'aveugle pour essayer de trouver le meilleur traitement. De nombreuses recherches en cours visent à "stratifier" les patients afin de prédire leurs réactions aux traitements.
>> Voir la fiche concernant cette recherche sur le site de Schizinfo
Des très nombreux outils thérapeutiques d'accompagnement
Voici quelques interventions efficaces et innovantes ayant fait l'objet d'évaluations cliniques ; ces outils peuvent être proposés dès lors que les soignants s'y forment.
♦ Anticiper et prévenir les crises grâce aux Directives Anticipées en Psychiatrie
>> Lire l'interview du Dr Aurélie Tinland
>> Voir la fiche de cette recherche sur le site de Schizinfo
♦ Réapprendre à vivre des émotions positives avec le programme PEPS
>> Voir la fiche de cette recherche sur le site de Schizinfo
Une recherche de Jérôme Favrod à Lausanne : l'équipe a mis au point un programme qui permet à des patients, en groupes, de réapprendre à vivre des émotions positives. Cette recherche a permis de réduire les symptômes d’anhédonie chez la plupart des patients.
♦ Le sport comme outil thérapeutique
Pratiquer une activité sportive améliore nettement la qualité de vie et le sommeil, réduit le développement de comorbidités et a des effets bénéfiques sur le cerveau.
Voir à ce sujet :
- l'interview de Sonia Dollfus (programme PEPSY)
♦ La remédiation cognitive
Apparu il y a 20 ans, les programmes de remédiation se perfectionnent avec des résultats probants en terme de rétablissemnt et d'insertion professionnelle.
>> Voir l'interview de Pascal Vianin, auteur du programme le plus diffusé en langue française (RECOS)
>> Voir également notre article consacré à la remédiation cognitive sur le site
En parallèle au réseau des Entendeurs de voix, qui procède de l'entraide entre personnes qui entendent des voix, des programmes de soins spécifiques sont proposés aux patients souffrant d'hallucinations auditives afin de leur permettre de mieux les réduire ou les gérer.
Consulter sur ce sujet les fiches suivantes sur le site Schizinfo :
>> L'expérimentation de la Clinique des voix : programme de recherche anglais en cours de traduction.
>> Le programme ACCEPT VOICES : de courtes séances en groupes pour développer des stratégies pour mieux comprendre les voix, les gérer et les accepter.
♦ Réduire les idées de persécution
À Oxford, une équipe de recherche a mis en place deux programmes qui ciblent les causes potentielles des idées délirantes de persécution, afin de les atténuer.
>> Voir cette recherche sur le site Schizinfo
♦ Réduire les symptômes négatifs
Une approche individuelle des soins au moyen des thérapies comportementales et cognitives (TCC) serait profitable aux patients.
>> Voir la recherche sur le site Schizinfo
♦ Réduire l'autostigmatisation
Le fait de se considérer soi-même comme trop malade ou différent pour vivre normalement est un facteur entravant fortement la qualité de vie, car il génère un effet "A quoi bon essayer ?". Cette dimension est particulièrement importante car de multiples études montrent que les stéréotypes contre les personnes souffrant de maladies mentales sont intégrés dès l'enfance et que les professionnels soignants sont souvent les premiers à stigmatiser les patients.
Le programme américain NECT, destiné à réduire cette aurostigmatisation a été adapté en français.
>> voir à ce sujet l'interview du Dr Julien Dubreucq
♦ Des programmes pour les proches
L'accompagnement des proches, parents, frères et soeurs, conjoints, enfants notamment, est très peu proposé alors qu'il est prouvé que d'être confrontés aux troubles psychiques d'un proche est une facteur d'altération de sa propre santé. Plusieurs solutions existent, avec des programmes de psychoéducation de différents formats, longs (Profamille, Avec) ou court (BREF) destinés aux familles.
>> Voir notre article sur la psychoéducation des proches
Appliquant aux familles les pratiques orientées rétablissement développées pour les patients, une équipe de Lausanne a développé un autre type de programme de soutien sur-mesure, le programme Ensemble :
>> Voir à ce sujet l'interview de Shyrhete Rexhaj
Destinés aux proches, ces programmes, notamment les porgrammes de psychoéducation longs et Ensemble qui évaluent cette dimension montrent également des bénéfices pour le patient dont la famille a suivi les programmes ( réduction des hospitalisations, amélioration de la communication).