Joséphine
« Elle a eu sa première crise psychotique, sans doute à la suite d'un stress dû aux examens. C’était très impressionnant, nous ne pouvions pas l’approcher, ni la raisonner, ni la rassurer. Elle nous demandait : « Est-ce qu’on peut choisir sa mort ? » Elle devait être terrorisée. Ne pouvant agir et pour la protéger, nous avons appelé le Samu et les médecins ont décidé de l’hospitaliser. Cela a été très violent. »
Caroline
"Quelques semaines après ma sortie de l'hôpital, je suis partie en Espagne en tant que fille au pair. Au bout de quelques semaines, ma compagne la paranoïa est revenue, la dépression aussi. Mais je n'osais pas demander à rentrer chez moi. Alors, je suis restée comme ça, la peur au ventre qui s'intensifiait chaque jour. Jusqu'au drame. Un drame qui eut des répercussions irréversibles sur ma personne. La mort de mon père. Et là j'ai fait ce qu'on appelle une bouffée délirante. Elle fut très visible dès mon retour en France mais le délire avait commencé à s'immiscer dans mon esprit lorsque j'étais en Espagne.
Pour faire simple, je me croyais dans un rêve, j'avais des doutes concernant ce qui était réel ou ce qui sortait de mon imagination. C'était très troublant et difficilement supportable, toujours à me questionner. La réalité n'était plus ma réalité. J'étais prête à tout pour revenir dans ma réalité c'est à dire mourir. J'étais convaincue par cette idée que je n'étais pas dans le bon monde. Après l'enterrement de mon père je fus une nouvelle fois internée. La mort de mon père fut alors, je pense, comme un catalyseur de la maladie."
Gilles
« J'entendais des voix. Je pensais que c'était la réalité, je cherchais quelque chose de rationnel en pensant que quelqu'un avait caché des micros et des émetteurs dans ma veste, dans les murs de mon appartement. La crise est venue progressivement. Au bout de cinq nuits sans dormir, je me suis rendu aux urgences en leur demandant de regarder s'il n’y avait pas un micro-émetteur dans mes oreilles. »
Charlotte
« J’étais à Tahiti pour les études, j'avais 23 ans et je me suis isolée peu à peu sur une durée d’un mois environ. Je suis végétarienne et ça m’a valu d’être moquée et mise à l’écart. J’allais tous les jours nager seule car je n’avais pas réussi à avoir un stage pour finaliser mon master. J’ai sombré dans l’isolement et je délirais de plus en plus jusqu’à arrêter de manger et rester alitée. Malgré les voix que j'entendais, les médecins n’ont pas émis de diagnostic et ont parlé d’un évènement isolé, puis d’une rechute. »